Article Droit de la concurrence, consommation et distribution Contrats commerciaux et internationaux | 02/12/15 | 5 min. | Renaud Christol
La Commission européenne a annoncé le 27 novembre 2015 l’adoption de nouvelles lignes directrices sur la vente conjointe d’huile d’olive, de viande bovine et de produits des grandes cultures.
L’article 101 du Traité sur le fonctionnement de l’union européenne interdit les accords anticoncurrentiels, sauf si ces accords contribuent à améliorer la production ou la distribution tout en réservant aux utilisateurs une part équitable du profit qui résulte de l’accord. Cette règle s’applique au secteur agricole.
Cela étant, dans le cadre de la réforme de la politique agricole commune de 2013, des dérogations à cet article ont été introduites pour la vente d’huile d’olive, de viande bovine et de produits de grande culture. L’objectif est, dans un marché qui représente plus de 80 milliards d’euros par an, d’améliorer la compétitivité et la viabilité des agriculteurs de l’Union européenne et de renforcer leur pouvoir de négociation vis-à-vis des acheteurs.
Celui-ci était d’ailleurs déjà poursuivi par l’Autorité de la concurrence dans son avis du 14 février 2014[1]. Elle recommandait notamment la concentration de producteurs de fruits et légumes frais au sein d’organisations de producteurs (« OP »). Les OP ont été mises en place par une organisation commune de marché (« OCM ») au niveau européen depuis 1996[2] et sont des personnes morales reconnues par les États membres constituées à l’initiative des producteurs afin « d’assurer la programmation de la production et son adaptation à la demande notamment en quantité et en qualité ; de promouvoir la concentration de l’offre et la mise en marché de la production des membres ; de réduire les coûts de production et de régulariser les prix à la production ». Les OP peuvent elles-mêmes se regrouper au sein d’associations d’OP (les AOP).
La Commission européenne œuvre également au développement et à l’efficacité des OP et des AOP afin de permettre aux agriculteurs de réduire leurs coûts et d’améliorer leur offre.
La dernière modification du règlement OCM[3] permet aux OP et aux AOP dans les secteurs de l’huile d’olive, de la viande bovine et des produits de grandes cultures d’effectuer des ventes conjointes et de fixer conjointement les prix, les volumes et d’autres modalités de vente de vente pour ces produits, sous réserve du respect de quatre conditions cumulatives :
Les lignes directrices, qui devraient servir de référence commune pour les autorités nationales de concurrence et les juridictions nationales, visent à aider les agriculteurs, les OP et les AOP, à évaluer s’ils remplissent les conditions susvisées pour bénéficier des dérogations à l’article 101 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne.
Plus spécifiquement, elles :
En outre, les lignes directrices contiennent des schémas qui expliquent, étape par étape, comment procéder et des exemples tirés de la vie réelle dans chacun des secteurs concernés afin d’illustrer les situations dans lesquelles les organisations d’agriculteurs sont ou non en conformité avec la réglementation. Cette approche pragmatique devrait sans aucun doute produire rapidement des effets bénéfiques.
[1] Voir notre flash « L’Autorité de la concurrence recommande notamment la concentration des producteurs de fruits et légumes frais afin de contrebalancer la puissance d’achat de la grande distribution ».
[2] Voir le règlement (CE) n°2200/96 du Conseil du 28 octobre 1996 modifié, le 11 août 2003, par le règlement (CE) n°1433/2003 de la Commission, puis par le règlement n°1182/2007 du Conseil.
[3] Règlement (UE) n°1308/2013 du Parlement européen et du Conseil du 17 décembre 2013 portant organisation commune des marchés des produits agricoles et abrogeant les règlements (CEE) n°922/72, n°234/79, n°234/79, n°1037/2001 et (CE) n°1234/007 du Conseil entré en vigueur le 1er janvier 2014.