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AD Positive Le métavers, un levier au service de la transformation positive des entreprises ? Retour sur la conférence AD Positive du 31 janvier 2023
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En bref

Sa présence est partout : son nom, sur toutes les lèvres ; ses potentialités, dans toutes les têtes. Pourtant, le métavers demeure encore une grande inconnue. Ses empreintes sociétales, ses retombées économiques, ses exigences technologiques, ou encore, ses impacts écologiques interrogent. Via notre think tank AD Positive, nous avons souhaité nourrir cette réflexion en invitant trois intervenants, Frédéric Bardeau, président cofondateur de Simplon.co, Philippe Rodriguez, co-président et fondateur de Metacircle, ainsi que Mahasti Razavi, managing partner d’August Debouzy, à répondre aux questions de Nicolas Narcisse, vice-président exécutif d’Havas Paris et fondateur du mouvement NewDeal.

Voici un aperçu des contributions de nos invités pour savoir comment le métavers pourrait constituer un levier au service de la transformation positive des entreprises.

Un métavers, des métavers, ou metaverse ?

Le métavers en français (metaverse en anglais) désigne un lieu virtuel que l’on atteint en ligne afin d’y vivre des expériences immersives en temps réel. Il est caractérisé par la notion de persistance : on y accède, on y interagit puis on en sort pour le retrouver à nouveau comme on l’a laissé à notre dernière visite. Aux origines du concept, nous rappellent Frédéric Bardeau et Philippe Rodriguez, il faut remonter aux auteurs de science-fiction comme Philip K. Dick, William Gibson et Neal Stephenson qui est le premier, dans son roman Snow Crash [1], à employer le mot « metaverse » afin de décrire un environnement virtuel dans lequel ses personnages évoluent. 

Des proto-métavers se sont alors déployés au fur et à mesure que nos ordinateurs gagnaient en performance. Les joueurs de jeux en ligne massivement multijoueurs tels que World of Warcraft, EverQuest ou Second Life ont pu évoluer en temps réel dans des espaces persistants. Toutefois, les métavers actuels reposent sur des technologies bien plus avancées, permettant de vivre des expériences immersives jusqu’alors sans précédent : 3D, réalité augmentée, intelligence artificielle, blockchain...

Cette proposition de se connecter à des espaces collectifs virtuels partagés intervient auprès d’utilisateurs que les confinements imposés par la pandémie ont rendu très réceptifs. Selon Philippe Rodriguez, « cela nous a forcés collectivement à essayer l’expérience du virtuel et de la collaboration virtuelle. »

L’émergence de nouveaux usages en entreprise

« La collaboration dans le métavers de manière immersive est pour l’instant réservée aux entreprises qui la pratiquaient avant la pandémie », constate Frédéric Bardeau, « comme Cisco dont les employés se réunissent à l’échelle de la planète dans des salles immersives. »

Mais d’autres usages n’ont pas manqué d’émerger, notamment pour contourner des contraintes liées au confinement. À l’aide de 60 000 casques de réalité virtuelle, Accenture a ainsi permis à des dizaines de milliers de recrues de se former et de s'imprégner de la culture de leur entreprise, de chez eux. Plus que sur les espaces, les échanges immersifs se sont concentrés sur les relations humaines, entre collègues. « Ce lieu virtuel favorise la création de liens différents de ceux que l’on tisse dans le lieu physique », affirme Philippe Rodriguez avec enthousiasme. « Il peut permettre plus d’inclusion et ôter des barrières. » Avec un petit sourire, le président de Metacircle nous a ainsi raconté comment Carrefour a recruté ses datas scientists via le métavers en présence d’Alexandre Bompard (plus précisément de son avatar). Les candidats ont ainsi pu saisir l’occasion de l’approcher et de lui poser des questions, en toute simplicité.

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« Il peut permettre plus d’inclusion et ôter des barrières. »
 


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L’impact du métavers sur l’environnement

On entend tout et son contraire : le métavers permettrait d’éviter des déplacements et constituerait donc une solution intéressante d’un point de vue écologique. Mais à l’inverse, le constat de Frédéric Bourdeau est sans fard : « Le métavers, c’est du streaming 3D en temps réel, dans le cloud, donc il ne peut pas y avoir plus énergivore ! »

Il faudrait pouvoir dresser un bilan écologique de notre utilisation du métavers. Entre faire travailler à distance ses collaborateurs ou les faire venir en présentiel par exemple ? Mais selon Philippe Rodiguez, nous ne sommes pas encore en capacité d’effectuer ces mesures qui touchent différentes couches de technologies (réseaux, stockage d’informations, entraînement des intelligences artificielles, blockchain…).

Pour autant, ces nouveaux usages issus du métavers ne valent-ils pas d’ajouter à notre impact écologique ?
Et qui pourrait s’ériger en arbitre de ce développement technologique ?


 


Le métavers en est encore à sa genèse et est donc en constante évolution. Cependant, les interactions qui y prennent forme n’interviennent pas sans cadre. Pour Mahasti Razavi, les métavers « ne sont pas des univers de non-droit mais ils sont au contraire déjà soumis à des corpus de principes généraux (internationaux ou nationaux comme le RGPD, le droit des obligations ou la propriété intellectuelle) et à des règles privées propres à chacun d’eux. » [1]
Des adaptations seront toutefois indispensables pour régler des problématiques spécifiques au Métavers telles que le statut des avatars ou celles des datas qu’ils produisent. Déjà à la tâche, les administrateurs de ces métavers contribuent à leur manière à cette régulation via diverses solutions techniques pour assurer la sécurité des échanges.

 

Les questions soulevées par l’avatarisation, la création au sein des métavers ou les rapports à la citoyenneté vous intéressent également ?
Retrouvez l’intégralité de notre webconférence via ce lien. 

 

[1] Y aura-t-il un métadroit pour le métavers ?
[1] Publié en français sous le titre Le samouraï virtuel.